Par Ambre Tarin.
Arrivé à Tourcoing cette année, Julio Cardenas a grandi à Cuba où il a commencé le volleyball. L’année dernière il a quitté son pays à la découverte des terrains de volley argentins avant d’arriver cette saison en France. Portrait d’un jeune joueur aux débuts prometteurs.
Dernier d’une famille de trois enfants, il n’a pourtant pas suivi la voix de ses ainés. Avec un grand frère boxeur et une grande sœur handballeuse, rien ne prédestinait Julio Cardenas au volleyball. À Cuba, un pays où la mode est aux sports américains, c’était en volley que Julio se sentait le plus à l’aise, et le plus performant. « À Cuba il y a un espoir majeur, c’est le baseball donc j’ai d’abord essayé ce sport puis le basket. Mais quand j’ai ensuite testé le volleyball, ça a très bien fonctionné pour moi alors je me suis complètement tourné vers le volley. »
Un environnement propice
Devenir volleyeur professionnel n’était pas un rêve d’enfant pour le jeune cubain, mais l’opportunité qu’il a eu en volley, il a voulu la saisir. « En faire mon métier, c’est quelque chose qui est venu en pratiquant et en évoluant dans la discipline. Le fait de vouloir devenir un très grand joueur est aussi venu petit à petit. »L’environnement et la culture sportive de Cuba – notamment en volley féminin – ont aussi joué un rôle auprès de Julio, dans un pays ou l’éducation des jeunes est une priorité. « À Cuba le sport est très important et occupe une grande place. Quand on est jeune on sait que l’on peut réussir avec ça et en vivre. Il y a aussi une grosse influence du sport même à l’école, et comme j’ai vu que j’avais du potentiel j’ai vraiment travaillé dur pour réussir. »
D’abord repéré dans le cadre scolaire, Julio a progressivement gravi les échelons. « J’ai été repéré par les profs et les entraineurs, après ça il y a eu tout un processus au niveau local avant de recevoir un jour, une invitation pour aller m’entrainer au centre national. » Mais à Cuba, avec l’absence de ligue professionnelle, les espoirs de vivre du volley sont minces. L’horizon n’était pas assez stimulant pour le jeune joueur. « À Cuba quand on joue au volley on ne s’entraine que pour les matchs de l’équipe nationale, on a donc beaucoup moins d’objectifs et de compétitions. Pour moi ça me paraissait plus intéressant d’évoluer dans un championnat professionnel et de jouer presque tous les week-ends. » Alors le jeune cubain s’envole pour l’étranger.
De Cuba à Tourcoing
À 18 ans Julio s’est d’abord envolé pour l’Argentine et le club de San Juan où il a évolué pendant un an pour sa première saison professionnelle. Mais cette année lors du recrutement, en pleine pandémie, c’est la France et Tourcoing qu’il a choisi. « J’ai eu plusieurs propositions mais le niveau de la Ligue A et de Tourcoing m’ont convaincu. » Le contexte particulier a aussi joué un rôle dans ce choix puisque les clubs français ont su être réactifs comme l’explique le jeune homme : « Pendant longtemps il y avait des pays où les recrutements ne se faisaient pas car on ne savait pas ce qui allait se passer avec ae Covid-19. La France a démarré son recrutement tôt et a pris une place importante sur le marché. »
Ce choix de la France et de Tourcoing, c’était aussi une opportunité pour lui de montrer son potentiel. « Je voulais aller dans une ligue ou j’avais la possibilité de jouer beaucoup de matchs et ne pas juste rester sur le banc. » Car Julio a déjà tout d’un grand mais le jeune cubain n’a que 20 ans et n’en est qu’à ses premières années en tant que professionnel. « Quand on n’est pas encore connu ce n’est pas donné à tout le monde de jouer autant de matchs et je voulais montrer de quoi j’étais capable sur le terrain. »
À 7 600 kilomètres des siens
Sa saison à Tourcoing est aussi la deuxième loin de sa famille. Le jeune cubain s’est habitué à ce mode de vie particulier. « À Cuba la famille est très importante et les liens sont forts, mais petit à petit je m’adapte à cette vie différente. C’est déjà ma deuxième saison loin d’eux donc je m’habitue. » Il admet tout de même que la situation sanitaire n’est pas facile à vivre. « Avec la Covid-19 je ne sais même pas si je pourrais voir ma famille cette année, c’est ce contexte qui est un peu plus difficile. »
Après un début de saison triomphant avec le TLM et malgré la barrière de la langue, Julio s’est aujourd’hui trouvé comme une deuxième famille à Tourcoing. Même si c’est à Cuba qu’il se sent « le plus libre », rien ne l’empêche désormais de conquérir le volley européen.